Dimanche 12 février 2012
Révolution démocratique en Islande, que Vive l'Islande !
Aussi
incroyable que cela puisse paraître, une véritable révolution
démocratique et
anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne
n’en parle, aucun média ne relaie l’information, vous n’en trouverez
presque pas trace sur « Google »
: bref, le black-out total. Pourtant, la nature des évènements
en cours en Islande est sidérante : Un Peuple qui chasse la droite
au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une
« gauche » libérale de remplacement elle aussi
évincée des « responsabilités » parce qu’elle entendait mener la
même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour
déterminer s’il fallait rembourser ou pas
les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le
pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement
des banques, une nationalisation des banques, et, point
d’orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » :
l’élection d’une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée
d’écrire les nouvelles lois fondamentales qui
traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et
les aspirations du Peuple à une autre société.
Alors
que gronde dans l’Europe entière la colère des Peuples pris à la gorge
par le
rouleau-compresseur capitaliste, l’actualité nous dévoile un autre
possible, une histoire en marche susceptible de briser bien des
certitudes, et surtout de donner aux luttes qui enflamment
l’Europe une perspective : la reconquête démocratique et populaire
du pouvoir, au service de la population.
Musique: L'Islande nous souhaite "Bon courage"
Quand l’Islande réinvente la démocratie
Le 16 décembre 2010 par Jean Tosti
Depuis
le samedi 27 novembre, l’Islande dispose d’une Assemblée constituante
composée de 25
simples citoyens élus par leurs pairs. Son but : réécrire
entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la
crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein
fouet.
Depuis
cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un
certain nombre de
changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation
des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement
de droite sous la pression populaire. Les élections
législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche
formée de l’Alliance (groupement de partis composé des
sociaux-démocrates, de féministes et d’ex-communistes) et du Mouvement
des
Verts de gauche. C’était une première pour l’Islande, tout comme la
nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier
ministre.
Très
vite, le nouveau gouvernement se trouve face à un problème épineux : le
règlement aux
Pays-Bas et au Royaume-Uni d’une dette de 3,5 milliards d’euros
suite à la faillite d’Icesave, banque en ligne dont les opérations
étaient tournées principalement vers ces deux pays. Sous la
pression de l’Union européenne, à laquelle les sociaux-démocrates
souhaiteraient adhérer, le gouvernement fait voter en janvier 2010 une
loi autorisant ce remboursement, ce qui reviendrait, pour
chaque Islandais, à débourser pendant huit ans une somme d’environ
100 euros par mois. Mais le président de la République refuse de
ratifier la loi, dont le texte est alors soumis à un
référendum. À plus de 93%, les Islandais votent contre le
remboursement de la dette (6 mars), et depuis le problème reste en
suspens.
C’est
dans ce contexte que l’Islande décide de modifier sa constitution, qui
en fait n’a
jamais été vraiment rédigée : lorsqu’en 1944 la république avait été
proclamée, on s’était contenté de recopier dans les grandes lignes la
constitution du Danemark, pays dont l’Islande dépendait
depuis plusieurs décennies, en remplaçant simplement le terme de
“roi” par celui de “président de la République”. C’est donc une nouvelle
constitution qu’il s’agit d’écrire entièrement, et pour
cela on a décidé de faire confiance au peuple souverain. Il y a eu
d’abord un appel à candidatures (tout le monde pouvait se présenter à
l’exception des élus nationaux, à condition d’avoir
dix-huit ans révolus et d’être soutenu par au moins trente
personnes) auquel ont répondu 522 citoyennes et citoyens. C’est parmi
eux qu’ont été élus les 25 constituants.
Ces
derniers commenceront à se réunir à la mi-février et rendront leur
copie avant l’été.
Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter
la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de
l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire
des pouvoirs exécutif et législatif.
Certes,
l’Islande n’est qu’un petit pays d’environ 320 000 habitants. Elle
donne cependant
là une belle leçon de démocratie aux grands États dont la France :
songeons que, dans notre pays, la réforme constitutionnelle de 2008 a
été entièrement rédigée à l’Élysée, et que les
parlementaires ne l’ont adoptée qu’à deux voix près après avoir été
soumis pendant des semaines à des pressions intolérables de la part du
chef de l’État.
(source: cadtm.org)
Quand l’Islande réinvente la démocratie
l’Assemblée constituante a été élue en novembre
Un
jour, il y a quelques mois, un anglais passant par Paris, rencontré à
la librairie Lady
Long Solo, nous alertait sur la révolution en Islande. Quelle
révolution ? On n’en entend parler nulle part. Une rapide recherche
google ne donne rien du tout, aujourd’hui, ni en associant le mot
« révolution », ni même « crise », où l’on ne trouve que des détails
sur la crise financière, effectivement à l’origine de cette révolution,
qui a eu lieu en 2008, dans ce pays d’à peine plus de
300 000 habitants, classé au deuxième rang mondial sur l’indice du
développement humain, l’IDH, derrière la Norvège, à la veille de cette
crise, en 2006.
Confronté
alors à la faillite brutale du système bancaire, le peuple était
descendu dans la
rue. Du jamais vu au pays des jeysers d’eau chaude. La droite avait
aussitôt dû céder la place à la gauche. Et, pour commencer, les banques
avaient été nationalisées. Notre informateur anglais en
avait entendu parler pour les projets législatifs de liberté totale
pour internet, tels que des sites anglais pensaient à s’héberger là.
Plus encore, il insistait pour parler d’une véritable
révolution, sans pouvoir la décrire plus, mais s’étonnant qu’on n’en
ait jamais entendu parler.
Cherchant
alors avec obstination, on a fini par voir des images du palais
présidentiel
assiégé par une foule qu’on qualifierait ici sans hésiter
d’anarcho-autonome. En plus des drapeaux noirs, on pouvait deviner dans
la foule une forte composante de citoyenneté de type écologiste.
Et on comprenait que le pauvre malheureux flic, tout seul devant le
palais présidentiel, ait rapidement dû se rendre sous la pression de la
foule. Celle-ci, néanmoins pacifique, n’usait que de
casseroles et autres objets bruyants, selon la méthode argentine du
cacerolazo, qui a su s’avérer très payante aussi là-bas.
Le
président avait plié bagage. Un nouveau gouvernement s’était institué.
Mais, quelques
temps plus tard, celui-ci avait la mauvaise idée de proposer le
remboursement de la dette des banques vis-à-vis du Danemark ou de la
Grande Bretagne. Le peuple est de nouveau descendu dans la
rue. Un référendum sur la question était imposé par volonté
populaire, et une petite majorité de 93% rejetait l’accord prévu par les
gentils gouvernants.
Parmi les informations glanées, cette image saisissante de l’agora dans les bains publics chauds, où le peuple s’assemble tous les matins pour débattre de comment refaire le monde.
Parmi les informations glanées, cette image saisissante de l’agora dans les bains publics chauds, où le peuple s’assemble tous les matins pour débattre de comment refaire le monde.
Consécration
de cette révolution, l’élection d’une Assemblée constituante, le 27
novembre
2010, événement peut-être plus considérable que la nuit du 4 août
1789 où était votée l’abolition des privilèges, dont on ne se serait pas
aperçu sans la vigilance de Truks en vrac, de notre ami
B.Bec, du Gers, relayant le CADTM, ou de Jean-Luc Mélenchon, qui
trouve là une similitude avec ses propres thèses constitutionnalistes,
mais ne semble pas voir plus loin que le bout de son nez
anti-capitaliste.
Merveille
de la désinformation. Un événement aussi considérable qu’une véritable
révolution
démocratique, telle qu’on n’en a jamais vue en Europe, peut se
produire sans que la presse, ni google, ne permettent d’en savoir quoi
que ce soit. C’est sûr qu’à l’heure de la consolidation
anti-démocratique que vivent la plupart des pays européens,
l’exemple islandais ne fait pas vraiment l’affaire de nos régimes
policiers, qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller
rigoureusement la conscience collective.
On
aimerait assurément en savoir plus sur cette révolution islandaise.
Voilà des mois que
Paris s’éveille rêve de téléporter sa rédaction pour un reportage
approfondi au pays des chasseurs de baleines et d’utopie. S’immerger
dans les bains chauds de la révolution démocratique fait
certes envie, surtout vu du cœur de notre hiver sécuritaire.
Il
faut s’imaginer les 25 « simples citoyens » qui vont plancher sur la
constitution
idéale. Le souffle de l’humanité devrait se retenir. Où l’on verra
probablement qu’il n’est pas difficile de faire mieux que toutes les
figures de pseudo-démocraties qui se sont déclinées
jusqu’ici sur les cinq continents.
Cet article se voudrait un appel à qui aurait plus d’informations sur cette extraordinaire
histoire islandaise. On peut m’écrire à: michelsitbon@gmail.com, et je relayerai avec plaisir. Un dossier sur la révolution islandaise tente de rassembler les articles qu’on peut trouver sur le
sujet.
(source: parisseveille.info) et les moutons enragés.
lien: http://www.wikistrike.com/article-revolution-loin-des-medias-l-islande-reecrit-entierement-sa-constitution-99142021.html
lien: http://www.wikistrike.com/article-revolution-loin-des-medias-l-islande-reecrit-entierement-sa-constitution-99142021.html
Islande Revolution Project: http://www.parisseveille.info/voyage-au-pays-de-la-revolution,2820.html
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